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Il n’y a pas de bons duvaliéristes

—par Franck Laraque

Il n’y a pas de bons duvaliéristes, comme dirait Jean-Paul Sartre. Ni aujourd’hui, ni hier. Ils ne sont pas tous des tontons-macoutes, des criminels, des meurtriers qui ont tué de leurs propres mains des milliers d’innocents. Mais ceux qui n’ont pas renié le duvaliérisme, ni n’ont pas eu le courage de se repentir, de faire amende honorable, ne sont pas moins coupables. Ils se rangent parmi les architectes des structures duvaliéristes, les ordonnateurs d’exécutions sommaires, les complices des semeurs de mort par leurs machinations, leur silence, leur tacite ou exaltante justification. Il suffit de se rappeler les vingt-neuf années de règne du sida duvaliériste qui a décimé la population, déstructuré l’économie, dépouillé le Trésor Public. Terrorisme d’État créé ou encouragé par la démocratie américaine, non seulement en Haïti avec les Duvalier, mais aussi en République dominicaine avec les Trujillo, à Cuba avec les Batista, au Nicaragua avec les Somoza, au Venezuela avec les Jimenez, au Paraguay avec les Stroessner, au Guatemala avec les Montt et Armas, en Argentine avec les Videla, en Colombie avec les Pinilla et Uribe, en Bolivie avec les Banzer. Le grand démocrate des quatre libertés, le Président Franklin Delano Roosevelt n’a-t-il pas dit au sujet de l’un d’eux ce qu’il aurait pu dire au sujet de tous: “He’s a son of a bitch but he’s our son of a bitch.” (C’est un fils de pute mais c’est notre fils de pute)?

Ce terrorisme d’État est trop connu pour en faire ici la longue liste de déprédations et d’assassinats. Quelques titres suffisent pour en révéler l’horreur: les Cagoulards, les tonton-macoutes ou prétendus volontaires de la sécurité nationale, les «disparus» sans laisser de traces, le drapeau noir et rouge, l’uniforme bleu et le foulard rouge, les boat-people, les bidonvilles, la révolution politique du père et la révolution économique du fils (pitit tig se tig), la tuerie des cochons créoles, la vente de la force de travail des ouvriers haïtiens en République dominicaine… Mais aujourd’hui ce qui nous préoccupe: le processus d’abolition de la mémoire populaire dont nous mentionnerons les artisans. Heureusement qu’il existe aussi des gardiens vigilants de cette mémoire.

Artisans de l’abolition de la mémoire

Un peuple sans mémoire ou démémoiré est condamné à répéter les mêmes erreurs, à subir les mêmes dictatures du passé. C’est la mission que s’assignent les intellectuels, jouisseurs du terrorisme d’État duvaliériste lorsqu’ils faisaient partie de la camarilla qui empochait les fonds publics avec droit de vie et de mort sur la population. Racine dans Britannicus (une tranche d’histoire que le jeanclaudisme reflète) montre comment des courtisans peuvent sur le coup changer de visage: «Mais ceux qui de la cour ont un plus long usage / Sur les yeux de César composent leur visage.» Ainsi, témoins de l’empoisonnement de Britannicus par Néron, ils se changent en complices

Les vendeurs de sang, de cadavres, et leurs acolytes forment un peu partout de petites cliques qui perpétuent le souvenir de l’ère duvaliériste. Les intellectuels ne se contentent pas de composer un nouveau visage. Sous forme de roman ou d’essai, ils falsifient l’histoire, désarticulent la vérité, forgent l’image d’un François justicier et leader international, d’un Jean-Claude, jeune rénovateur, banalisant crimes et vols des fonds publics. La résurgence du duvaliérisme en Haïti est leur objectif. Le gouvernement Fanmi Lavalas et l’OPL ont contribué à cette résurgence en intégrant dans leurs rangs des duvaliéristes notoires. Un centre François Duvalier est fondé en Haïti sans aucune protestation des organisations populaires autrefois activement antiduvaliéristes. Les journaux collaborationnistes se taisent, acquiescent. Le Nouvelliste ouvre ses colonnes à Bennett qui s’est enrichi scandaleusement au cours de la dictature de son gendre Jean-Claude Duvalier.

Mais il y a pis. Des journalistes, victimes du duvaliérisme, tombent dans le panneau. Mélodie 103.3 FM, un programme radiodiffusé, reproduit dans Haïti en Marche du 6 août 2008, exorcise Dadou Berrouet. En effet, Mélodie lui reconnaît des péchés mignons: «Il a porté l’uniforme VSN, communément appelé “tonton macoute”. Il a été assistant commandant de la prison secrète (la Bastille) du régime où des milliers d’opposants ont perdu la vie. Il sera plus tard ministre de l’intérieur et de la défense nationale, et ministre de l’agriculture sous le gouvernement de Jean-Claude Baby Doc Duvalier.» Pas plus que ça. C’est pourquoi: «Les gens (qui ont perdu la mémoire) lui témoignent le même respect et même au fur à mesure presque de l’affection.» Notre ami et brillant pamphlétaire Fanfan Latour ajouterait fort à propos: «Se tròkèt la chay la dèyè.» Le cœur gros, nous lisons un peu plus loin: «…il existe aujourd’hui, en effet, une certaine nostalgie de l’ère de Papa Doc… À son avis, Duvalier a sauvé Haïti en la sortant de sa manière sauvage de concevoir et de faire la politique. Sauvage. Tribale. Égoïste… Dadou a dû plus d’une fois penser que seul Duvalier avait raison. Comme pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui. Même pour certains à leur cœur défendant… Le duvaliérisme avait une chance de se racheter comme le balaguérisme et avant lui le trujillisme. Il l’a raté.» La solution logique semble être: ce qu’il faut au pays, c’est un nouveau Duvalier qui termine son règne comme Balaguer et Trujillo. Dieu merci! Nous voulons bien croire que l’animateur de Mélodie, lui-même une victime du duvaliérisme, face à la révoltante et chaotique conjoncture de notre malheureux pays s’est bourré en laissant les mots dépasser sa pensée. Qu’il se ressaisira et dissipera tout malentendu.

Les gardiens vigilants de la mémoire populaire

La littérature révolutionnaire de l’époque (poèmes, romans, essais, musique, pièces de théâtre) à l’unisson avec l’action des masses mobilisées en grande partie par la théologie de la libération a été d’un grand apport dans le renversement de la dictature satanique des Duvalier. Le peuple a fait consacrer le rejet de cette maudite idéologie dans la Constitution de 1987. L’article 291 prescrit que toute personne notoirement connue pour avoir été par ses excès de zèle un des artisans de la dictature et de son maintien durant les vingt-neuf (29) dernières années ne pourra briguer aucune fonction publique durant les dix (10) années qui suivront la publication de la Présente Constitution. Il en est de même pour toute personne ayant torturé les prisonniers politiques ou commis des crimes politiques. Ces prescriptions nous indiquent la voie à suivre pour prévenir le retour de toute dictature, particulièrement le duvaliérisme. L’un de ces moyens consiste dans la réminiscence des tortures, assassinats de l’ère duvaliériste. Beaucoup d’écrits de nos compatriotes sont consacrés à cette tâche patriotique. Il nous est impossible de les inclure tous dans le cadre restreint de notre article. Nous citerons quelques-uns qui nous semblent les plus appropriés. Leurs auteurs, nous les appelons les gardiens vigilants de la mémoire populaire. Dans le domaine de la chronique de la vérité historique: Albert Chassagne, Patrick Lemoine et Frantz Latour. Dans la fiction (le roman): Marie Chauvet et Marie-Célie Agnant.

Albert Chassagne, dont le frère aîné Roland, poète talentueux et capitaine retraité de l’Armée, a été arrêté et «disparu», «désireux de parler pour que tout soit su», a recueilli le témoignage de duvaliéristes présents au cours des arrestations, tortures et mises à mort des familles jérémiennes et écrit Bain de sang en Haïti1. Ces Vêpres Jérémiennes ordonnées par François Duvalier et exécutées en 1964 par ce que Chassagne appelle un aréopage macoutard composé de Jacques Fourcand, Pierre Biambi, Sanète Balmir (fillette-lalo), Capitaine Abel Jérôme, Saint-Ange Bontemps, Sony Borges, officier de l’Armée, Raoul Cédras (père du Général Cédras), pour ne citer que ceux-là. Les familles Villedrouin, Drouin, Sansaricq, Guilbaud, soit vingt-sept innocentes personnes, ont été humiliées, torturées, assassinées. Parmi elles, une octogénaire, une folle, des enfants âgés de deux à six ans. «À la caserne, Abel Jérôme exige que les prisonniers se dévêtent et complètement.(page 15)… Les filles de Louis Drouin se heurtent à leur père qui a longtemps déjà perdu conscience. Toujours nues dans leur cellule, les deux reposent la tête ensanglantée de leur père sur leurs jambes. Papa, papa ! Mais Louis Drouin ne répondra jamais plus» (p.16). La femme de Gérard Guilbaud «Alice Drouin git déjà près de lui. Alors à bout portant une balle lui est logée dans la tête. Gérard Brunache, à mi-chemin entre l’homme et l’animal, lui plante un poignard dans le cœur.» (p.17). On n’est pas encore au comble de l’horreur. «Le mouchoir offert est une cigarette allumée, éteinte par Sony Borges dans les prunelles de l’enfant. Puis Gérard Brunache, soulevant le bébé par le bras, lui enfonce un stylet dans le ventre. Un cri violent, puis un soupir, puis plus rien. Stéphane a passé. Et la brute Sony Borges de s’exclamer: «Pitit la tòdye tankou yon vè» (l’enfant s’est tordu comme un ver)» (p.23).

Les écrits des autres auteurs cités plus haut se vendant dans les librairies, nous en donnerons brièvement les lignes générales et exhortons le public à les acheter pour en propager les idées saines et progressistes.

Parick Lemoine, arrêté et emprisonné le 2 décembre 1971 est libéré le 25 Septembre 1977. Il publie Fort Dimanche Fort-la-Mort2. Il n’a pas écrit pour tirer gloire de son courage durant ces années dans l’enfer carcéral duvaliériste. Il a préféré une autre voie plus noble et plus digne. Dans les chapitres: «Pris dans l’engrenage», «La chute dans les ténèbres», «Fort Dimanche l’enfer», «De nouveau dans les Casernes», il montre le mécanisme du terrorisme duvaliériste. Comment ce terrorisme choisit ses victimes, fabrique des conspirations et force les accusés à admettre leur culpabilité au cours d’interrogatoires accompagnés d’inimaginables souffrances afin de les envoyer à Fort Dimanche. Fort Dimanche le lieu de supplices et d’exterminations. Les bourreaux habillés en uniforme militaire ont pour mission d’affamer les prisonniers, de les martyriser en inventant les tortures les plus sophistiquées dont l’objectif est de détruire le physique, la volonté de résistance, d’acculer au désespoir, au suicide. Jusque dans leurs cachots des duvaliéristes, prisonniers eux aussi, les poursuivent de leur haine, les espionnent et les dénoncent. Dans un capharnaüm d’immondices, d’urine, qui sert parfois de désinfectant, de matières fécales, où sont tombés, sans se rendre, des compagnons emportés par la tuberculose, l’épuisement, l’inanition. Patrick et ses compagnons morts ou survivants représentent l’esprit de la résistance inébranlable, de la liberté séquestrée, un superbe défi en plein enfer à l’oppression et au terrorisme d’État. Un jour, la communauté de la diaspora et le peuple haïtien, reconnaissants, leur rendront le bel hommage auquel ils ont droit.

Frantz Latour, à la prose intarissable qui coule de source, écrit trois articles importants dans l’hebdomadaire Haïti Liberté 3. Nul mieux que lui n’a compris l’obligation de conserver la mémoire des combats menés par des lutteurs célèbres ou anonymes en Haïti et ailleurs pour la défense des intérêts des masses. Sa rubrique au titre suggestif «Devoir de mémoire» manifeste la volonté de nous rappeler que nous n’avons pas le droit d’oublier. Que la fidélité à cette mémoire peut servir de lien à la solidarité nécessaire pour secourir le peuple haïtien livré aux affres de la pauvreté, de l’injustice et de l’inégalité. Il ne s’agit pas d’une lutte partisane mais d’un rassemblement d’individus, en dépit des divergences idéologiques non antagoniques, visant à libérer et à sauver Haïti. Mon ami, feu Jean F. Brierre me répétait: «Franck, pourquoi attendons-nous la mort d’un compatriote pour célébrer ses vertus?» J’en garde la mémoire.

Un intervalle de près de quarante années sépare les œuvres principales de Marie Chauvet Amour, Colère et Folie, 1968 4 et de Marie-Célie Agnant Un alligator nommé Rosa, 20075. Deux romancières au talent remarquable et hardi qui n’ont pas hésité à s’attaquer à la peste duvaliériste. Le premier roman au duvaliérisme au pouvoir avec François et le second aux suppôts de l’enfer duvaliériste réfugiés dans les pays vraiment «amis» qui leur garantissent la sécurité et l’impunité.

La trilogie de Marie Chauvet, Amour, Colère et Folie, publiée par Gallimard l’a rendue célèbre. Une célébrité qui a causé la colère de Duvalier, la dissolution de son mariage, son exil et sa mort hors du pays natal. Alors qu’un mutisme imposé par la terreur régnait sur tout le territoire, une telle alerte d’alarme défiait l’hydre. La fiction devient la réalité en cours. Point n’est besoin d’interprétation pour comprendre que les personnages ne sont pas fictifs, mais des tontons-macoutes se livrant à leurs activités coutumières. Dans Amour, Dora Soubirou est à demi estropiée par le commandant Calédu qui l’a cravachée tandis qu’elle était maintenue sur le dos par quatre mendiants pouilleux à qui il a ensuite livrée. Dans Colère, le chef des hommes en noir force Rose à se livrer à lui pendant trente jours dans une chambre tapissée de miroirs, les bras en croix et en silence. Dans Folie, le commandant Cravache menace Marcia qui se plaint d’avoir été violée ainsi que sa maîtresse Cécile: «Oublie ce que tu as vu, entendu en prison, si tu ne veux pas que je t’arrache la langue.» Marie Chauvet entend détruire le mythe de la femme qui dit non mais ne le pense pas et s’attend à être violée. Le dynamisme de la terreur est ralenti ou accéléré par des bourreaux qui changent seulement de noms (Cravache, le Gorille, Calédu), instruments d’un terrorisme qui s’éternise et crée partout des cellules d’incarcération. La maison des Normil (le pays) est entouré de pieux, des poètes se séquestrent dans leurs chambres ainsi que beaucoup de gens dans leurs maisons sans être à l’abri du kidnapping. Les mises à mort ne se contentent plus des cellules de prison et de champs clos, envahissent la rue. Jacques le fou est assassiné dans la rue. Au cours d’une procession le grand-père et l’enfant infirme sont abattus. Un affamé qui n’a pas le droit d’avoir faim est exécuté sur la place de Pétionville. Même les oiseaux aux ailes de liberté ne sont pas épargnés. La rue, lieu de circulation, devient un lieu où plus personne ne bouge. «Sa k anwo pa desann, sa k anba pa monte.» La paix des cimetières règne sur un pays zombifié. Déjà trente-cinq années depuis que Marie Chauvet, qui dans son dernier roman, Les Rapaces, a repris son nom de jeune fille Marie Vieux, nous a quittés. Son admirable talent d’écrivain engagé nous la tient, devoir de mémoire, vivante dans notre cœur et nos pensées.

Marie-Célie Agnant connaît à un très jeune âge, une existence tragique. Son père, dans le maquis, décide de venir saluer sa famille. Il est suivi par des tontons-macoutes qui l’emportent et le disparaissent à jamais. Une petite orpheline éplorée est adoptée, à l’encontre de ses protagonistes, par un deuxième père qui met tous ses efforts à lui faire oublier cette cruelle disparition. Il prédit qu’elle sera une femme de lettres. Et pour notre bonheur, une très grande femme de lettres. Inquiété par les allées et venues menaçantes des sbires, il décide bien qu’âgé de gagner l’exil avec sa famille. Dans son roman Un alligator nommé Rosa, elle mentionne les «tontons-macoutes», tels que Cambronna, Benjalen Trélas, Jean Boivreau, Jean Remon Claude, Norcemer, Angelot Bontemps, Franco Nero (dont les noms ou prénoms sont modifiés) «et cet animal malade, un nommé Daisir, qui s’acquittait de son travail de tortionnaire, coiffé de son chapeau melon, une bible dans la poche de sa veste. Entre chaque séance de torture, il récitait des psaumes» (page 168). Sans oublier ceux que le macoute, père de la fameuse fillette-lalo Marie Louise, appelait les lèche-bottes et les culs-offerts. Elle se concentre surtout sur Rosa Bosquet, dont elle donnera les détails de sa carrière de Chef Suprême des VSN et sur sa cohorte de reines-choches et de fillettes-lalo appelées ses Gazelles féroces. Sa fiction est bâtie sur le duel entre Rosa, réfugiée dans le calme d’un petit village au sud de la France, à la mort de François Duvalier, Antoine et Laura, tous deux rendus orphelins par cette même Rosa. Les réactions d’Antoine et de Laura différentes au début finissent par se concilier. Antoine Guibert a dix ans mais en paraît cinq ou six, ce qui a aidé peut-être à épargner sa vie, est traumatisé à jamais par l’assassinat de son père et de sa mère aux mains de Rosa Bosquet. Puis, elle l’a vendu à Rébu, un colonel retraité. Cet officier change le nom de Guibert et Antoine est nommé Antoine Rébu. Plein de haine, il passe 40 ans à rêver de vengeance contre Rosa. Il a l’opportunité de se faire l’infirmier de Rosa Bosquet qui exagère sa maladie et ne pousse que des grognements. Il la traque, lui inflige toutes sortes de punitions afin de la faire avouer ses crimes par écrit dans l’espoir de l’utiliser dans tout procès contre elle. Un duel plus sourd et difficile survient entre lui et Laura empêtrée dans ses ambiguïtés causées par l’assassinat de ses parents par le Chef des VSN qui ne lui a pas ravi la vie et l’a adoptée, traitée comme sa propre enfant et pris soin d’elle. Le respect et l’adulation dont elle est l’objet ont dû avoir un effet sur une gosse vulnérable et confuse. Ce sentiment de reconnaissance envers un criminel endurci est éprouvé quelques fois par ceux dont la vie a été arrachée à la mâchoire de la mort. Ses hésitations sont vaincues par les dossiers prouvant le nombre d’assassinats commis par Rosa, les renseignements fournis par Marie-Louise, la jeune fillette-lalo, entraînée comme tant d’autres par Rosa dans l’art de torturer et de tuer. D’accord sur l’indéfendable culpabilité de Rosa, Antoine et Laura décident de la mettre dans un mouroir, comme tant d’autres innocents agonisants.

Marie Chauvet et Marie-Célie nous exhortent à ne pas oublier ce régime infernal mais dont les crimes restent impunis dans ces romans et dans la réalité. La justice flotte dans l’air. Il incombe aux jeunes générations informées sur la vérité historique de ramener cette justice sur terre et de mettre fin à l’impunité.

—Franck Laraque Professeur émérite, City College, New York, Septembre 2008

Références

1 Albert Chassagne, Bain de sang en Haïti. Texte polycopié sans date. 2ème publication in En grandissant sous Duvalier. L’agonie d’un État-nation (dir.) Frantz Antoine Leconte. Édition Les marrons du Savoir et Harmattan, 1999.

2 Patrick Lemoine, Fort Dimanche, Fort-la-Mort. Port-au-Prince: Regain, 1976. Nouvelles publications: EU: Fordi9, 1997, 2006.

3 Frantz Latour, Haïti Liberté, directeur: Berthony Dupont. Email: editor@haitiliberte.com.

4 Marie Chauvet, Amour, Colère et Folie. Paris: Gallimard, 1968.

5 Marie-Célie Agnant, Un alligator nommé Rosa. Montréal: Les éditions du remue-ménage, 2007

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