Poésie en français
Poèmes de Vilvalex Calice
La Terre Natale
Je vais te retrouver encore une fois mon île
Pour fouler de mes pieds nus ta mer qui pétille
Pour admirer tes fleurs, tes ravissantes filles
Aux démarches pompeuses dans tes rues qui faufilent
Je veux me retrouver bien plus près du soleil
Où le coq, chaque matin, claironne le réveil
Avant que l’astre d’or qui attends et qui veille
L’heure de faire luire le ciel d’éclats doux et vermeils
De l’aube à l’aurore l’écho de la jactance
Des tourterelles éprises qui sucent nos hibiscus
En harmonie divine, au soir, à l’angélus
Aux quatre coins du vent ondule la romance
O Haïti ! écoute ce que mon cœur murmure
Au milieu de ce miasme qu’on te laisse languir
Je t’assure mon pays tu ne vas pas mourir
Nous allons te guérir de tes mortelles blessures
Si aujourd’hui je chante d’air nostalgique
Ta chaleur qui réchauffe si tendrement mon cœur
Pardonne-moi ma patrie d’avoir manqué d’ardeur
En louant tes prouesses, ta beauté angélique
Je veux finir mes jours dans l’île de mon enfance
Sur la terre imbibée du sang de mes ancêtres
Qui voulaient du sol que nous soyons seuls maîtres
Ô mon drapeau pour linceul, quelle preuve d’allégeance !
—Vilvalex Calice
Le suicide d’une rose
Un mélange de doux parfums envoûtants
Gravît vers le ciel des entrailles de la terre
Pour célébrer la naissance de la lumière du jour
Sur les faces resplendissantes des roses,
Des lilas, des orchidées et des jonquilles.
Une munificente offrande du printemps
Aux oiseaux et papillons gourmands
Dans un gala glorieux d’odeurs et de couleurs.
La lueur opalescente du matin tamisée,
Sa rénitence affreusement estompée
Comme cette rose qui étouffe sa fierté,
Son aura vulgairement chassée du panorama.
Couleurs visqueuses et vineuses qui
Ne battent plus dans les veines de l’aube
Comme essence divine de la vie d’une fleur
Qui tache à tout jamais la soutane de la nature.
La rose chevauche des vagues d’obscurité fugaces
Pour revenir à cette maudite minuit éternelle
Sous l’emprise de l’intrusion de l’homme,
Pour éviter le viol de sa splendeur
Et les regards convoitants sous sa tige pucelle.
Pour échapper à la défloraison par des abeilles
Inconscientes de la déchirure de sa texture souple
Et la honte ensevelie dans ses pétales efforcées
Par les becs déchiquetants d’oiseaux affamés.
Et, la fleur grandissante s’érige au-dessus de la moralité
Pour succomber au paroxysme de sa grandeur d’âme
Au lieu d’être violée par des mains humaines.
La rose a choisi de rester entière, intacte,
Libre, hors des jolies vases de porcelaine,
Dans lesquelles on expose sa beauté emprisonnée
Et, enfin, flétrie par une dessiccation lente et laide ;
Pour stopper la mise en bouteille de son parfum
Dans des somptueux sépulcres de cristal.
La rose a choisi de mourir de ses propres mains
Au lieu de languir dans l’ombre et l’opprobre
Aux services serviles de l’homme.
Quand la noblesse l’oblige
Il est parfois noble de mourir
Jamais quand la noblesse l’exige
Pour protéger sa richesse, son pouvoir.
Ils seront les premiers à dire
Pauvres diables tout en oubliant de dire
Que le diable n’est pas pauvre.
Les cafards avares œuvrent à rendre
les pauvres encore plus pauvres
Tout en pleurnichant sur leurs sorts.
Avant de rendre l’âme pour des infâmes,
Avant de brûler sa pauvre vie
Pour réchauffer le cœur des filous
Penser à la vie qu’ils nous dérobent.
L’avenir échoué de nos enfants
S’envole avec la fumée des pneus calcinés
Pendant qu’ils assurent le futur des leurs
Qui font des études en toute quiétude
Dans des grandes universités étrangères.
On sait que le diable a une queue
Et n’enjambera pas les feux
Mais ces diables se croient invincibles.
Souvent, ceux qui nous envoient à la mort
Et ceux qui nous font abattre comme des chiens
Sont taillés de la même étoffe.
Repenser la lutte
Pour vaincre cette vassalité de l’esprit.
Le triumph réside dans la survie.
Réfléchir avant de mourir :
Est la nouvelle devise qui
Informe l’esprit que notre mort
Rend les nobles plus nobles,
Les riches plus riches
Et les méchants plus méchants.
Il n’y a rien de plus ignoble
Que de mourir pour la cause des nobles.
Le prix de la liberté
Alors que la lumière naissante de l’aube
Casse les remparts de cette nuit d’ébène,
Côtoie le parapet de la résistance
Pour combler les fissures des cœurs brisés,
Pour s’ériger au-dessus de la cécité volontaire,
Pour faciliter à la conscience commune d’en donner
Le plein droit de chevaucher les amonts de l’espoir
Sans renoncer à la quête de ce fugace bonheur.
Avons-nous aussi le droit de rêver comme tous
À cette Justice qu’on dit une pour tous
Sans la répression et la mort à nos trousses
Dans les urnes, dans nos rues, dans nos âmes ?
Avons-nous encore la volonté de sauver notre peuple ?
Est-ce trop coûteux et même exorbitant quand
La liberté veut acquitter ses dettes au prix du sang ?
Nous sommes l’affirmation omniprésente
Que cette obscurité, elle aussi, passera
Parmi ces ténèbres existentielles de notre vécu.
Survivants de nombreux délits crépusculaires
On saurait se relever au-dessus des panaches de fumée
Pour une bouffée d’air frais dans la stratosphère
Au-delà des impuretés et des possibilités raréfiées.
Loin, bien loin de ces projections obséquieuses,
Le renouvellement diurne est pourtant assuré
Même à ceux qui ont vendu l’âme et ont perdu le bon sens,
Ceux qui marchent pieds nus dans les chemins calcinés
De la défaite continuelle et les coulisses du désespoir.
Sachez que l’amour n’est pas une faiblesse.
Verser des pleurs pour ceux qui nous laissent,
Traduire en justice tous ceux qui nous blessent
Est l’ultime hommage à la fraternité
Et parfois le seul prix de la liberté.
Coquine ! Coquine !
Tu l’es jusqu’aux racines.
Alors, tu dis si j’avoue de coucher avec ta copine
Tu me pardonneras, ainsi j’éviterai la guillotine.
Tu me vois tout le temps flirter avec tes cousines.
Tu m’accuses de dévorer des yeux leurs mandarines
Moi qui suis fou de tes melons, de leur saveur divine.
Je t’en prie mon amour, c’est pas comme tu devines
Je jure au nom du ciel et toute la bonté divine,
J’ai été chez elle pour emprunter une boîte de sardines
Et puis je l’ai accompagnée pour faire du shopping.
Alors toutes ces âneries sur lesquelles tu opines
Ne font que sur le feu verser de la gazoline.
Et puis celles qui croient me voir partir en bouline
Pour éviter qu’elles me voient sont toutes des coquines ;
Surtout cette receleuse de Martine
Ta curieuse et rapporteuse voisine.
Mais toi, tu préfères fouiller mon portable en sourdine.
Tu te crois beaucoup plus maline qu’une féline.
Je te dis la vérité, tu continues à me faire mauvaises mines.
De tes scènes de jalousie, chérie, j’en ai jusqu’aux narines
Continuer de vivre comme ça est pire que la guillotine.
Coquin !
Villain coquin.
—Vilvalex Calice Georgia USA, novembre 2020
Poème de Marie-Ange Claude
Mutilés
Les rues sont tristes
Elles ont la langue coupée
Trop de sang inonde le quotidien
Haïti mon amour
Sous nos palais dort un goût amer
L’odeur du sang colle à nos narines
Du matin au soir, nous habitons l’angoisse
Nous ne savons plus quelle rue emprunter
Pour fuir la mort
Elle rôde nue dans la ville
L’amertume imprimée sur nos cheveux et dans nos âmes
Nos pas ne savent plus sur quel pied danser
Demain sera-t-il fait de bruit de balles
De fumée de caoutchouc, de graffiti, de sang
Sur les murs et sur les trottoirs ?
Dans ma gorge une grosse pierre roule sa tristesse
Demain nous élèverons nos voix pour dire
Qu’ici la mort doit arrêter de circuler libre
Que nous ne voulons plus de cadavres frais
Entassés comme des gerbes de roses à chaque coin de rue.
—Marie-Ange Claude
Poèmes de Jean Saint-Vil
Au temps qui court
Au temps qui court
Comme un engin à haut débit
Et qui n’atteint jamais
Le point de non-retour
Au temps qui court
Sans trêve à tout instant
Dans ses zigzags
Et qui change de parcours
Dans ses attaques en traître
Au temps qui court
Avec ses rires avec ses larmes
Avec ses plaintes et ses regrets
Au temps qui court
Tête baissée
Sans respirer sans s’essouffler
Et qui n’atteint jamais
La ligne d’arrivée
Au temps qui court
Sur ses échasses
Mille fois plus hautes
Que les Tours de Babel
Je dis très haut et fort
Que c’est vraiment le temps
De ne ni ralentir
Ni de s’arrêter
Dans sa course sans fin.
(15 septembre 2017)
Les vagues de l’amour
Elles sont de loin plus folles
Que les vagues de la mer
Qui jamais ne s’égarent
Dans leur route vers les côtes
Les excès de vitesse
Et les excès de zèle
Sont leurs marques de fabrique
Dès leur point de départ
Mais elles perdent vite le nord
Et leurs creux trop fragiles
Leur jouent souvent des tours
Dangereux pour leur vie
Elles ne savent pas s’arrêter
Comme les bateaux ivres
Qui voient la terre de près
Mais finissent par couler
Sans pouvoir s’attacher
À une bouée de secours
(18 août 2013
—Jean Saint-Vil
Poèmes de Lenous Guillaume-Suprice
À visière tondue
« (…) Ils se retirèrent en attendant que les esprits retrouvent leur calme, mais ils ne revinrent jamais. »
(Gabriel G. Márquez, Chronique d’une mort annoncée)
Maintenant que les effraies s’activent même en plein soleil, il faut réajuster les trébuchets du feu, mettre tout bas leurs mascarades, de gré ou de contraintes, et laisser monter la fumée de leurs ailes jusqu’aux branches les plus hautes des capitales de leurs éleveurs.
(Montréal, le 24 mars 2021)
Risibilitude
Des consentis s’ignorant, déconfinés avant tout le monde, probablement non « pfizerisés », sont potentiellement des galopins, d’assez drôles d’oiseaux, nu-visage dans le vent de leurs pétarades, à gorge déployée dans l’inconcevable, toujours contemplatifs des bienfaits de leur regard sur eux-mêmes.
Par bonheur, les (re)voir, malgré les hautes fragrances de ceci, de cela à leurs châteaux de paille, ne dit presque plus rien à plusieurs de leurs anciens compagnons et compagnes d’inconduite. Par bonheur pour eux, bien malheureusement pour autrui dirait un loustic, l’assommoir du ridicule, variant sans conséquence d’un coup de butoir, ne foudroie pas.
(Montréal, le 25 mars 2021)
—Lenous Guillaume-Suprice
Poèmes de Charlot Lucien
Caricature de Jean Dominiquepar Charlot Lucien.
Réversibilité
Regarde, me dit la fleur,
La flamme passionnée de mes pétales.
Voici, je regardai,
Et ajustant mon talon dessus,
Je l’écrasai contre le sol.
Regarde, me dit le papillon,
L’arc-en-ciel se mire dans mes ailes.
Je regardai, et,
Lançant une main meurtrière,
Je le broyai entre mes doigts.
Vois, chantonna le ruisseau,
L’émeraude cristalline de mon eau.
Je regardai, puis,
Raclant ma gorge,
Je crachai dans son cours avec volupté.
Contemplant quelque chose sur le sol.
Je le vis becqueter des brindilles, des fleurs,
Et les lâcher au bas de l’arbre…
Je m’approchai, et voici,
Gisait dans la boue,
La tête éclatée, ensanglantée
Et auréolée de fleurs,
Mon fils, Irréversiblement mort.
Irrémédiable Jean
(À l’agronome Jean Dominique, assassiné le 3 avril 2000 à son arrivée dans la cour de l’édifice de la radio.)
L’agronome
Qui n’avait plus de terres
Ensemença fougueusement,
Semant et plantant chaque mot
Profondément
Irrémédiablement
Dans les consciences
Et dans la conscience de la cité ;
Et la parole alors germa partout
Poussant dans les maisons aux portes fermées
Déniées de soleil
Grandissant sur les trottoirs brûlants
Désertés et déserts
Et fleurissant sur des lèvres
Desséchées à dessein
Et craquelées par la sécheresse ;
Armé rien que de ses dents
Et de sa langue.
Il entendit défricher
Les mauvaises herbes ;
Mais une bombe cachée dans les ronces
Rien que pour lui,
Interrompit
Et les gestes du semeur
Et ceux du défricheur…
Mais il était trop tard
Pour les forces de la sécheresse
Car les grains semés
Avaient déjà commencé à germer
Partout,
Irrémédiable Jean…
[Tirés du recueil La tentation de l’autre rive / Tantasyon latravèse, ed. Trilingual Press, 2013.]
[NDLR : Nous avons grand plaisir de publier le suivant poème de Charlot Lucien qui nous rappelle la contribution d’Haïti à la lutte de libération des peuples de l’Amérique latine. Aujourd’hui Haïti se trouve dans une passe très critique, ce n’est donc pas trop d’espérer que les États, peuples et nations—y compris la Bolivie, le Venezuela, la Colombie, le Pérou, l’Équateur et la Grèce sous l’oppression ottomane—bénéficiaires de la générosité et de la solidarité d’Haïti dans le passé lui montrent le même sentiment et action de générosité et de solidarité.]
Pétion et Bolívar, ou l’amitié des peuples
I
—Pétion, voici, les Espagnols ont détruit mes hommes,
Et presqu’éteint
La flamme de la liberté dans l’Amérique du Sud ;
Et Pétion, j’apporte mes larmes
Mes os fatigués et mon épée fracassée,
Sur les rivages de ton île d’Haïti, où vous, Noirs,
Avez ouvert les portes à la liberté noire…
1816, les flots de l’océan Atlantique
Avaient pour la seconde fois déposé
Sur les rivages de l’île
Simón Bolívar, ses rêves
Et les lambeaux de sa révolution ;
Et Pétion vit accumulés dans les yeux de son ami
Les nuages de l’amertume
Et posa sa main sur celle de Bolívar qui reposait encore
Sur le seul trésor qui lui restait :
Son épée abîmée…
—Bolívar, nous avons eu bruit de tes infortunes ;
Nous aussi sur l’île nous avons connu
La frayeur, la peur et ces moments de désespoir.
Nous n’avons pas beaucoup ici,
Mais voici des munitions et une petite somme ;
Choisis aussi parmi mes hommes,
Autant que ton navire puisse contenir ;
Ils sont tous volontaires
Pour l’honneur de voguer avec toi
Vers la victoire, la gloire ou la mort,
Au nom de la liberté ;
Mais avant que tu ne repartes, ô Bolívar !
Repose-toi, que tu prennes des forces ;
Brûle ta langue dans notre soupe de giraumont
Afin de savourer un peu le goût de la liberté *;
Va te promener, dans les sentiers de nos montagnes,
Enfonce tes pieds nus là
Où les marrons de la révolution
Ont foulé le sol ;
Enivre-toi du vent de la liberté
Et puise l’inspiration dans les montagnes
Où nous avons triomphé de l’Europe esclavagiste…
Et reviens les yeux et l’âme éclaircis.
Avant de reprendre le chemin de l’océan Atlantique
Bolívar jura :
—Pétion, les terres conquises
Verront s’ériger, et la Liberté
Et des statues à Pétion.
—Non, non et non ! Ô Bolívar !
Que la postérité sache tout simplement
Que sur les terres libérées se sont dressés
La Liberté
Mais aussi des Africains eux aussi libres…
Que cette génération et que la postérité sachent
Que Bolívar sur ses propres plantations
A fait libérer lui aussi des esclaves !
II
Et voici, en décembre 1816,
Le navire de Bolívar,
L’espoir en poupe
Les cales alourdies de plomb
Et le pont croulant sous le poids
De rêves et de nouveaux combattants ;
Et le voici, le navire de Bolívar
Sur les rives du Venezuela
Et le voici Bolívar, attirant après lui
Du courage, des troupes
Des amis et encore plus d’ennemis ;
De la Colombie, de l’Équateur,
Du Pérou à la Bolivie…
Il conquit des montagnes infranchissables
Fit déborder les torrents
Laissa des cadavres dans les montagnes de neige
Délivra un continent,
Et y planta les semences de la liberté…
Note de l’auteur aux lecteurs et lectrices
Simón Bolívar, le libérateur de l’Amérique du Sud, ayant essuyé un échec temporaire contre les armées espagnoles dans sa lutte pour l’indépendance du Venezuela, se réfugia en Haïti en 1816. Il fût reçu avec honneur par le président Alexandre Pétion qui lui fournit des armes et des volontaires pour l’aider à reprendre la lutte. Il offrit de faire ériger des statues en l’honneur de Pétion, mais celui-ci déclina, demandant plutôt que Bolívar fasse libérer tous les esclaves dans les régions où il remporterait la victoire en Amérique du Sud. Bolívar tenta de tenir sa promesse, mais sans succès, car il s’attira l’animosité de plusieurs de ses partisans, eux-mêmes grands propriétaires d’esclaves.
—Charlot Lucien
Poème de Michèle Voltaire Marcelin
Terre Promise
Non
Nous n’étions pas dignes de cette terre
Je jure sur ma vie, sur la tienne
Dussions-nous à genoux
Soixante-dix-sept fois dix-sept fois
Lui mendier son pardon
À Notre Dame du Perpétuel Secours
Nous ne recevrions pas l’absolution
Nous bêlons comme des cabris
Attachés à cette terre
Où on achète un homme pour une chanson
Une femme pour une vétille
Où les enfants rendent l’âme
Dans l’abandon.
Nous passons notre vie
À écouter le tic-tac du temps
À diviser les jours en heures
Accrochés à des rêves
Dont même les devins ignorent l’interprétation
Nous buvons, faisons l’amour, mangeons
Au milieu des excréments
Dont la puanteur nous colle à la gorge comme du phlegme
Nous parlons mais nos paroles n’ont pas de poids
On entend à peine notre voix
L’honneur est oblitéré, la vérité absente
Le futur avorté, et le passé défile continuellement
Comme les eaux usées d’un égout.
Quelles erreurs
Quel gâchis
Que de pertes insensées
Quelle déveine absolue
Et que de temps perdu
Je pourrais en dire plus
Mais pourquoi
La fin ne vous est pas inconnue
Un poème après tout n’est que paroles
Et vaines
Que le feu nous consume
Effacez donc l’ardoise
Après notre départ
Mais ne nous pardonnez point nos offenses
Car nous savions bien
Ce que nous faisions
Oubliez-nous
Comme on oublie
La carcasse d’un chien
Nous sommes comme des dents pourries
qui tombent
Tombent
Et tombent