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La domination étrangère et le régime de Martelly

—par le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’occupation d’Haïti (REHMONCO)

Depuis la chute de Duvalier, on assiste à une ingérence de plus en plus accrue des pays impérialistes en Haïti.

Que cette ingérence prenne la forme d’une exigence d’organiser par tous les moyens les élections immédiatement après la chute de la dictature, élections, comme l’a si bien vu Karl Lévêque, « téléguidées par Washington » ;

Qu’elle prenne la forme du coup d’État sanglant de 1991, coup d’État grandement financé par la CIA ;

Qu’elle prenne la forme, à partir de 1994, de l’imposition du programme d’ajustement structurel qui détruisit ce qui restait de l’industrie et de l’agriculture nationales (saurait-on jamais les conséquences de ce programme sur la population: le nombre d’enfants morts de malnutrition ou souffrant de déficience alimentaire ?) ;

Et finalement qu’elle prenne la forme actuelle d’une occupation militaire sous couvert des Nations Unies ;

Qu’elle prenne toutes ces formes, cette ingérence est pour le moins responsable de la mort de plusieurs milliers de nos compatriotes et d’une paupérisation systématique et continue de notre pays.

Aujourd’hui, après cinq ans du pouvoir mafieux de Martelly, on la voit à l’œuvre dans toute sa « splendeur ».

Elle se cache de moins en moins derrière des artifices langagiers et même d’un semblant de démocratie : elle impose ses hommes de main et insiste pour que le pays soit encore plus soumis aux diktats de l’impérialisme.

Sa présence au cours de la « dictature » carnavalesque, ordurière et indécente de Martelly n’a jamais été aussi lourde et imposante.

Elle a atteint comme dirait Lénine son « stade suprême ».

C’est pourquoi elle apparait à nu, sans complexe, dans toutes ses contradictions.

Ses multiples visages, on les connait : c’est celui de Bill et de Hillary Clinton, de Hollande, de ces multiples personnages parfois connus, parfois obscurs qui tissent au grand jour et dans l’obscurité les fils de l’oppression, de l’exploitation, de la misère du peuple.

Maintenant, après le quinquennat de la honte de Martelly, des citoyens honnêtes se demandent et essaient de comprendre les raisons de cette présidence. Pourquoi, en effet, cette « communauté international » a jeté son dévolu sur ce « musicien » néoduvaliériste, atteint du plus profond narcissisme ? Pourquoi n’a-t-elle pas plutôt imposé une Myrlande Manigat ou un Jude Célestin ou encore un Évans Paul (K-plim), des candidats qui ne représentent aucune menace pour les « intérêts étrangers » dans le pays ?

Répondre à ces questions, c’est justement analyser la forme actuelle de la domination étrangère sur Haïti.

Pourquoi Martelly ? Parce qu’il s’est présenté dès le départ comme le « candidat » prêt à accepter toutes les conditions imaginables d’ouvrir le territoire aux pillages systématiques de ses ressources naturelles et à la plus violente exploitation économique. L’ancien président étasunien Bill Clinton a bien compris le message derrière le slogan « Haiti is open for business ! » Il a vu en Martelly l’homme qu’il fallait pour finaliser le plan consistant à transformer le pays en un vaste champ de zones franches.

Pourquoi Martelly ? Parce que l’oligarchie le considère comme un bouffon qui peut amuser le peuple, le terroriser quand il le faut, le faire danser en flattant ses « bas instincts » : l’image raciste et dégradante d’un peuple qui, aux yeux de l’oligarchie, n’agisse que sous l’emprise du bâton, du kleren ou du tambour. Qui est mieux placé pour diriger un tel peuple qu’un Sweet Mickey?

Pourquoi Martelly ? Parce qu’il est un personnage hyperactif (comme d’ailleurs l’est son alter ego Laurent Lamothe) qui s’implique dans plusieurs « programmes de développement » aussi fantasques qu’utopiques, l’objectif étant de donner l’impression de faire quelque chose. L’impérialisme se sert de ce genre d’individu pour renforcer le mythe du développement économique au moyen de multiples projets sans liens entre eux et sans aucun impact réel sur les structures sociales et économiques qui reproduisent l’exclusion, l’oppression et la pauvreté.

Pourquoi Martelly ? Parce que notre homme, malgré son ignorance, sa bouffonnerie et sa grossièreté affichée (peut-être grâce à cela), est perçu comme un allié sûr de l’oligarchie et de l’impérialisme. Il exécute les ordres sans rouspéter et considère le peuple comme un groupe d’« indigènes » sans droits et sans humanité.

Aujourd’hui, la crise structurelle parait clairement sur la scène politique comme un facteur incontournable. Le grand défi devant les organisations populaires consiste à transformer la conscience politique de cette crise en un mouvement organisé et structuré. Le processus électoral sous le contrôle de l’oligarchie et de l’impérialisme est désormais à mettre dans la poubelle de l’histoire. L’avenir de notre pays dépend plus que jamais des luttes des véritables organisations progressistes et populaires !

Pour authentification

Renel Exentus
Ricardo Gustave
rehmoncohaiti1915@gmail.com

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