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Nous souvenir de Sartre 30 ans après sa mort

Le 15 avril 2015 a marqué trente ans depuis que Jean-Paul Sartre nous a quittés. Au cours des ans, je me suis fait un point d’affection de me remémorer ses années défuntes.

En 1990, pour commémorer le cinquième anniversaire de sa mort, je lui consacre un article introductif assez détaillé « Sartre ou le mariage de la philosophie et l’engagement politique », reproduit dans mon récent livre La Parole indomptée / Memwa Baboukèt.

En 2005, vingt ans après sa mort, je fais le même dans un article dont le titre indiquait que le XXe siècle a été « le centenaire de Sartre ». Même durant les ravages du cyclone Katrina en Louisiane et en Mississippi, je recours à Sartre pour trouver des bribes d’explication quant à la mauvaise foi des autorités fédérales et locales, qui laissent périr dans l’indifférence leurs compatriotes. J’y trouve aussi, dans la passivité des sinistrés, une illustration parfaite de la notion sartrienne de sérialité, qui veut dire essentiellement que parfois nous laissons le « destin » nous asservir à cause de notre lâcheté.

Dans mon livre ci-mentionné je donne une large part d’attention à Sartre dans un chapitre intitulé « Si Sartre était vivant en 2014 », où j’essayais d’imaginer le cours de sa pensée s’il vivait encore parmi nous et se confrontait aux problématiques que nous vivons aujourd’hui en 2014 et 2015.

Il aurait certainement dénoncé et rejeté la société voyeuristique, tout spectacle—tous sujets zombifiés pour l’entertainment, l’amusement immédiat—que nous sommes en train de bâtir.

Concernant les sollicitations qui nous viennent de partout à choisir soit la légitimité de la terreur ou la démission, Sartre aurait préconisé le refus de toute soumission à l’orthodoxie du groupe ou des modèles de consommation, même s’il tient à un respect élevé « la fusion du groupe en action ».

À chaque fois qu’un intellectuel ou penseur s’affranchit des préjugés, normes, facilités et limitations de son époque et de sa société pour nous signaler une autre façon de faire et de vivre entre nous, c’est une chose que nous devons honorer. Seuls les plus grands d’entre eux ont cette singularité et capacité, des hommes et femmes comme Jean-Jacques Rousseau, Karl Marx, Rosa Luxembourg, Harriet Tubman, Vladimir Lénine, Jacques Roumain, Jacques Stéphen Alexis, Mao Tsé-toung, Fidel Castro, etc. Jésus est certainement un modèle de cette espèce, même si d’un genre particulier.

Comme on le voit, la provenance sociale, professionnelle, titres ou autres particularités de l’intéressé sont presque insignifiants.

Par cette continuelle commémoration de Jean-Paul Sartre, nous espérons le maintenir vivant dans la mémoire des nouvelles générations de penseurs haïtiens, et aussi inculquer et perpétuer la leçon que la probité et la bravoure intellectuelles sont des qualités importantes et ont des conséquences positives extraordinaires à la fois dans l’acquisition de la connaissance et dans son traitement pour l’amélioration de la vie.

—Tontongi

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