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Paul Laraque et René Bélance

Un entretien avec Frantz-Antoine Leconte accordé par Paul Laraque et René Bélance le 17 juillet 1998 à Frantz-Antoine Leconte

De gauche à droite Tontongi, Edwidge Danticat, Paul Laraque et Patrick Sylvain chez Laraque en 2002.

De gauche à droite: Tontongi, Edwidge Danticat, Paul Laraque et Patrick Sylvain chez Laraque en 2002.

Le texte littéraire de Paul Laraque et de René Bélance s’accompagne d’un imposant cortège de griefs et de quêtes qui posent avec urgence les problématiques auxquelles sont confrontés la société et les gens qui la composent. Ainsi, doit-on se rendre au-delà de sa luminosité pour appréhender son rôle, sa nécessité et surtout sa mission éthique ou esthétique qui s’accomplit à partir des rouages d’un énorme mécanisme d’exploration sociétale tant historique qu’actuelle.

Que le texte soit poétique ou prosodique ou se situe dans le cadre d’un essai rigoureux, il ne perd jamais sa vocation première, mieux, cette habitude irréductible de faire avec bonheur la description des arcanes d’un monde en gestation dont les parties quelque distantes qu’elles soient finissent par se retrouver comme les pièces éparpillées d’un immense jeu de puzzle.

Inutile de décrire cette profonde joie intérieure que j’éprouve ce bel après-midi de juillet 1998 à Queens, quand après avoir sonné, Paul Laraque et René Bélance m’ouvrent la porte et m’offrent à entrer et m’installer dans un fauteuil confortable avec mon magnétophone que je vais brancher.

Leur large et généreux sourire et la gentillesse des premiers mots m’invitent à enfoncer le bouton.

J’ouvre le micro avec enthousiasme et beaucoup d’espoir.

Frantz-Antoine Leconte : Merci de m’avoir reçu. Parlons de Breton, de son voyage retentissant, de son influence dans les lettres, la culture et la politique en Haïti avec candeur. A-t-il été vraiment l’un des détonateurs de la crise de 1946?

Alisa et André Breton à l’aérodrome de Port-au-Prince en décembre 1945. Paul Laraque (à gauche du couple Breton), Mme. W. Lam, Dr. Pierre Mabille, le peintre Wilfredo Lam; à droite: René Bélance, Mme. Mabille, Regnor Bernard, Edris St. Armand et M. de Peillon, Ministre de France (photo reproduite dans Œuvres incomplètes).

Alisa et André Breton à l’aérodrome de Port-au-Prince en décembre 1945. Paul Laraque (à gauche du couple Breton), Mme. W. Lam, Dr. Pierre Mabille, le peintre Wilfredo Lam; à droite: René Bélance, Mme. Mabille, Regnor Bernard, Edris St. Armand et M. de Peillon, Ministre de France (photo reproduite dans Œuvres incomplètes), Boston, May 2021.

Paul Laraque : Je voudrais d’abord vous remercier d’être venu chez-moi et en même temps accueillir mon ami—l’un de ceux qui ont été les plus fidèles—mon vieux frère René Bélance. Cela fait plus de cinquante ans depuis qu’on se connaît, René a été choisi par Pierre Mabille—qui était alors attaché culturel à l’ambassade ou à la légation de France—pour préparer une délégation et recevoir Breton à l’aéroport en 1945. Il a fait appel à moi et à d’autres. D’ailleurs, j’ai une photo que je voudrais vous montrer, qui avait paru dans Conjonction et que j’ai communiquée à un ami à Cuba. Il m’a dit, dis-moi mon vieux, c’est une photo surréaliste parce que Breton haïssait les militaires (rires) et te voilà en uniforme avec lui et il a accepté de poser avec toi. Et, je lui ai dit que c’est parce que Breton voyait au-delà des apparences. C’est l’une des qualités du surréalisme de percevoir la réalité et le rêve parfois mêlés au-delà des apparences. Et René et moi nous sommes allés ensemble. Il y avait une délégation : Edris Saint-Amant, Regnor Bernard, etc. On avait invité Roger Dorsainvil. Mais, il n’a pu être avec nous et d’autres que René avait touchés et qui pour une raison ou pour une autre n’avaient pu être présents, des Haïtiens, toi (s’adressant à René), Bernard, Saint-Amant et moi. Tout le monde en civil, sauf moi en militaire. Je n’ai pas eu le temps de me changer et pour ne pas perdre l’occasion, je suis allé tel quel. Et, je me suis dit, on me foutra à la porte, sinon, on m’acceptera.

F-A. L : Est-ce que c’était pas risqué?

P-L : Non, cela s’est bien passé. Et comme étrangers, il y avait Wilfrido Lam, poète cubain qui était de passage en Haïti avec sa femme à l’époque. Bien sûr Mabille et sa femme également, il y avait le représentant de la France M. Peignon. Je crois que c’est tout. Je vous ferai voir la photo plus tard.

F-A. L : Et Aimé Césaire, était-il aussi en Haïti à la même époque?

René Bélance : Lui, il avait précédé le voyage de Breton. C’est après le séjour de Césaire qui a duré quelques mois que Breton est entré en Haïti pour donner des conférences.

P.-L. : Césaire a donné plusieurs conférences dont certaines sur le surréalisme. Il a préparé le terrain à Breton.

FAL : Et la révolution de 1946, c’est important. Il a été, dit-on, un initiateur?

P-L : Non, il a été un détonateur. Car, la première conférence qu’il a donnée sur le surréalisme, a aidé à lancer La Ruche. Ce journal avait publié un compte-rendu de cette conférence qui a créé un vent de révolte. Il y a eu la grève générale qui est venue après. Et, c’était la révolution de 1946.

FAL : Dépestre a pourtant dit que Breton n’a pas déclenché cette révolution ?

P-L. : Disons qu’il y a eu plusieurs événements à concourir à ce que le surréalisme appelle un hasard objectif. Il y avait Breton. Mais même avant Breton, il y avait La Ruche, c’était un groupe de jeunes. Il y avait Jacques Alexis qui signait Jacques La colère ; René Dépestre qui était le rédacteur en chef et tout un groupe de jeunes qui revendiquaient au point de vue culturel, au point de vue national, au point de vue humanitaire, à tous les points de vue. Il y a eu cette conjonction. À l’arrivée de Pierre Mabille en Haïti, bien avant Breton, il y a eu contact entre Mabille et les jeunes de La Ruche parce que par la suite, on a fait croire—on a même dénoncé—au gouvernement de Lescot et à la junte militaire qui a renversé Lescot et qui lui a succédé que Mabille était l’un des instigateurs de la révolte des étudiants, n’est-ce pas ? Bon, je ne sais pas. Mais le fait est qu’il y a eu conjonction. Breton a nié qu’il ait été l’initiateur de ce mouvement. À son retour à Paris, on l’a interrogé à ce sujet. Mais certainement, il a été un détonateur comme René Bélance l’a dit parce qu’il y a eu un concours de circonstances. Césaire aussi avait beaucoup de contact avec les jeunes avant même la conférence de Breton au Rex Théâtre. Peu de temps après l’arrivée de Breton, le soir même ou le lendemain, il y a eu une réunion à Savoy, une réception organisée pour lui à son arrivée. Jean Brierre était là, René Bélance, Guy Clérié, et des représentants de La Ruche, particulièrement René Dépestre. Jean Brierre a fait deux suggestions à la fin de la réception. Premièrement désormais, il y avait le Vendredi d’André Breton au Savoy. Deuxièmement que le texte, la publication du texte du discours de Breton—il a prononcé un discours pour remercier et exhorté la jeunesse—soit donnée en exclusivité à La Ruche. Que s’est-il passé ? Puisque La ruche n’avait pas assez d’argent pour faire un numéro spécial au départ des invités, on a cotisé pour ce numéro-là. Et, moi, militaire, j’ai dû donner ma quote-part également. Et, c’est ce numéro qui a été saisi par la police. (Rires). À la première page de ce numéro spécial apparut le discours de Breton. Et, Elisa Breton des années après, quand l’œuvre complète de Breton devait paraître aux éditions La Pléiade, m’a écrit pour me dire qu’il lui manquait seulement ce discours de Breton. J’étais déjà en exil, j’ai écrit à mon frère Guy. René aussi était à l’étranger. Donc, Guy m’a fait avoir le discours.

F-A. L : Où est-ce qu’il a été publié ?

P-L. : En première page de ce numéro spécial de La Ruche saisi par la police. Il y avait aussi d’autres articles… Mais, je n’ai jamais vu l’œuvre complète de Breton par La Pleiade. Cela doit coûter énormément cher. Mais d’après ce que Madame Breton m’avait dit, c’était le seul discours qui manquât.

FAL : À cette époque ou le surréalisme triomphait en Haïti, est-ce que les jeunes poètes, René Bélance et Paul Laraque ne s’intéressaient pas à ce mouvement ?

R-B : Nous étions intéressés à ce mouvement. On lisait tout ce qu’on pouvait trouver. On examinait le manifeste du surréalisme, le premier autant que le deuxième. Et, on écrivait chacun selon son orientation personnelle. On n’a pas copié le surréalisme. On s’est exprimé selon ce qu’on ressentait et les problèmes que l’on portait en soi, les problèmes culturels qui nous préoccupaient et à ce moment-là le surréalisme pouvait apparaître comme l’un des modes d’expression.

FAL : Et l’écriture automatique ?

R-B : Oui, Paul et moi, nous avons pratiqué pendant un certain temps les jeux surréalistes. Paul n’était pas à Port-au-Prince, il était à Hinche. On s’écrivait et on se disait tel jour, telle date, nous allons faire une phrase sur tel thème, tel sujet. Et puis on écrivait et on se communiquait. On faisait des découvertes extraordinaires.

FAL : Paul, on est sur la pratique de l’écriture automatique. Que peux-tu dire ?

P-L : Je vais dire avant même d’aborder la question de l’écriture automatique qui est liée au surréalisme en général qu’il n’y a pas eu d’école ou de mouvement au pays. On a d’abord enregistré ce qui passait pour être surréaliste. C’était surtout ce que les gens n’arrivaient pas à comprendre, mais un poète comme René Bélance, qui peut être rapproché du surréalisme, à mon avis, relève plutôt de Rimbaud.

FAL : Un peu de symbolisme ?

P-L : Mais surtout Rimbaud. Il est rimbaldien jusqu’à son dernier livre Nul ailleurs qui me semble être une réponse à Rimbaud qui dit que la vraie vie est ailleurs et Bélance lui répond

« Nul ailleurs ». (Rires).

Pour moi, Magloire Saint-Aude remonte plutôt à Mallarmé. Et, comme Mallarmé, va être acculé au silence. Jacques Roumain dans sa préface à l’étude d’Edris Saint-Amand sur Dialogue de mes lampes a mentionné que la poésie de Saint-Aude était une machine anarchique et anti-bourgeoise, mais bourgeoise quand-même. (Rires). Anti-bourgeoise parce c’était pas un mouvement révolutionnaire. En comparant à Bélance, il a dit qu’il préférait la ferveur violente au désespoir un peu desséchant de Saint-Aude.

Quant à Garoute, il est venu un peu plus tard. René Bélance et Saint-Aude, comme on l’a souligné datent de 1941 et de 1941 à 1945. Dialogue de mes lampes sort (41–42). C’était fini. On avait d’abord « Dialogue de mes lampes » et « Tabou » et, longtemps après dans les années 50, « Déchu ». Il y a eu d’autres ballades, « Tableau de la misère », « Parias » et

« Veillée ». Pour René Bélance, c’était la même chose, à la poésie depuis 1941, « Liminaire », « Survivance », « Pour célébrer l’absence », « Épaule d’ombre » qui datent de 1945. À partir de 1945, René arrête d’écrire jusqu’à Nul ailleurs. Quand il revient en Haïti avec Nul ailleurs, c’était un ouvrage beaucoup plus volumineux que les autres. C’est que ça reprenait tous les poèmes qui avaient été écrits ou à Port-au-Prince après « Épaule d’ombre » et les autres poèmes écrits en exil ou à l’étranger ou aux États-Unis.

FAL : Comment peut-on célébrer l’absence, ce n’est pas paradoxal ? (Rires).

R-B : C’est une question extrêmement intéressante pour moi qui marque un point de ma vie. Cela est dû à un rapport épistolaire que j’ai eu avec une Canadienne. Et puisqu’on est tombé amoureux au cours de la correspondance… Et un jour, elle m’écrit une lettre pour m’apprendre qu’elle s’était enrôlée dans l’armée canadienne, qu’elle allait partir pour l’Angleterre au cours de la seconde guerre mondiale. Quand j’ai reçu la lettre, j’étais dans une classe à l’Annexe de l’École Normale d’Instituteurs. J’ai donné du travail aux étudiants et j’ai écrit un poème pendant une heure. C’est ce poème là que Mercer Cook, après l’avoir lu, a envoyé à Marsha Stelling, une Américaine, une amie, pour le traduire en anglais. Une revue américaine Port Folio l’a publié.

FAL : Nous allons demander au poète Paul Laraque de lire un poème de René Bélance, si cela lui plaît.

P-L : Certainement. Je vais vous lire un poème de René Bélance. J’aurais pu lire de moi, mais c’est de lui le poème que j’aime le plus.

R-B : Je sais le poème qu’il va lire (rires),

P-L : Le premier poème de Épaule d’ombre.

Vertige

Avec ton éveil à la joie, Avec ta course irréfléchie, Avec ta robe dans le vent, Avec ton sourire émergeant
Comme une menace à mon inquiétude, J’éternise mon feu comme une ferveur. Avec mes sursauts énervants,
Avec mon rire de proscrit
Qui grince, heurtant ton extase-hébétude, Et mes os exhumés de l’ossuaire,
Au scandale des châtelaines Qui m’offrirent leur nudité Ébroué de nul frisson,
Impassible à des yeux tourmentés d’aurore.
[sismale,
Je compose un songe d’enfer Pour frôler ton corps, électriser ta gorge consentante.
Certain jour de faste attendra l’abordage du
[paquebot
Amenant l’exilé sorti de prison.

Je te prendrai par les cheveux Ah! Fiévreusement,
Pour te montrer, Pendu,
Giflé, Sifflé, Affolé, Égaré,
Et seul cyniquement seul, livré à la faim,
dans la baie des puanteurs, devant les maisons de corruption

où l’on fabrique
des faiseurs de complots, des postulants au forçat,
des enfants du salut dans la faim, par la faim,
en haillons, en ulcères,
et des hommes pour voyager en première, des hommes pour aller pieds nus,
des hommes pour le home, des hommes pour la hutte; et puis des femmes,
des femmes pour les boudoirs, des femmes pour les fumoirs,
des femmes pour les bordels,
des femmes pour causer des tueries, la
[banqueroute, Des femmes pour l’anxiété des bijoutiers, Des femmes pour la pitié…
Je te dirai tout l’aboi des mornes, la plainte des ruisseaux endormis,
inoculé par les premières aiguilles d’hélium. Je te conterai l’avortement
De chaque fruit
Sur la terre impassible, et
dosant, supposant chaque corps pour l’engrais de ses mamelles tentaculaires.

Je te ferai contempler
Une fenêtre ouverte sur la grève…

La terre tournera autour De nos bras polaires
Et nous aurons le vertige des gravitations le privilège de fixer
le changement des saisons,
l’influence de tes yeux sur les raz-de-marée,

le sommeil des pêcheurs,
le cauchemar de germination des alluvions, Tu chanteras devant l’extase
Car tu ne construiras pas Sur l’inquiétude et la soif. Les chevaliers insoumis,
les coursiers de déserts communicables inclineront jusqu’à tes pieds en porcelaine leurs flèches,
leurs boucliers. (juin 1944)

Ovations nourries (Paul et René sont très émus)

FAL : Paul, René vient de nous expliquer qu’il a choisi la poésie et l’enseignement, une voie d’expression et une carrière.et vous, comment êtes-vous arrivé à la poésie ?

P-L : Dans mon cas, cela n’a pas été mon choix. La poésie m’a choisi. (Rires). Alors très tôt, sans savoir pourquoi, j’ai commencé à écrire. Je dois dire que j’ai appris mes premiers vers des lèvres de mon cousin germain Fernand Martineau, le poète. Il se voulait le poète exclusif de l’amour. Pour lui comme pour moi, la poésie est une question de vie ou de mort, comme l’amour et comme la liberté.

Pour reprendre un peu ce que René vient de dire. René pour moi est un ami de vieille date et à l’époque où nous n’étions pas encore mariés, il vivait chez mon père. Longtemps après, quand nous étions tous en exil, j’ai eu des problèmes avec mon fils aîné et je l’ai envoyé vivre chez René. C’est une vieille amitié qui a commencé peut-être à cause de la poésie, qui s’est entretenue de plus en plus, bien que notre conception de la poésie ne soit pas nécessairement la même. Il y a eu un point de rencontre sur le surréalisme, contenu dans mon livre qui doit paraître à la fin de cette année ou au début de l’année prochaine. Il s’appellera Œuvres incomplètes. Ce recueil divisé en trois parties comprendra seulement ma poésie d’expression française, pas d’expression créole, pas non plus mes articles sur la politique. La tentation surréaliste, c’est pour moi ce qui a existé, non pas un mouvement surréaliste que nous aurions vécu, mais la tentation surréaliste d’abord par nos lectures et puis la présence cristallisante de Breton. Comme je l’ai dit dans un article « André Breton en Haïti, un témoignage », nous avons réalisé avec Breton les champs magnétiques dans la vie. (Rires).

FAL : Si je vous disais à vous deux que je n’étais qu’un simple amateur, un dilettante de roman et que je n’entendais rien à la poésie, que me diriez-vous ?

P-L : Eh bien, je vous comprendrais, bien que je n’aie jamais été tenté par le roman de manière personnelle. Il faut avoir le don d’observation pour le roman et ça, je ne l’ai pas. La réalité me pénètre et reparaît sous une forme poétique des années après. C’est un processus parti du fond du subconscient, du fond de mon être.

FAL : René Bélance?

R-B : Je pense que c’est une question de personnalité. Il y a des tempéraments qui sont attirés par tel mode d’expression et d’autres par tel autre. Je dois dire que pour ma part, j’aurais pu aller à différentes activités, dans différents secteurs de l’art. J’aurais pu aller vers le dessin, la peinture et la musique…

FAL : Je comprends. Paul aurait pu faire autant car la poésie englobe tout et touche à toutes les sphères de la vie. Merci de m’avoir accordé cet entretien.

Paul Laraque et René Bélance : C’est à nous de remercier.

—tiré de Paul Laraque : Éclaireur de l’aube nouvelle sous la direction de Franck Laraque, Éditions Trilingual Press, Boston, 2009

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